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Elle s’appelle Maryline, vient de Provence-Alpes-Côte d’Azur et cherche à intégrer une école d’infirmière. Et, depuis le 21 janvier 2016, elle est officiellement la première titulaire d’une certification CléA, qui garantit sa maîtrise des savoirs de base nécessaires à toute activité professionnelle. Un tout premier diplôme que lui a remis Christian Janin, le président (CFDT) du Comité paritaire national pour l’emploi et la formation (Copanef) à l’occasion du lancement sur la toile du site https://www.certificat-clea.fr
« CléA est né il y a quelques mois et aujourd’hui, c’est le jour du baptême » a lancé Christian Janin en dévoilant le portail Internet de CléA, co-conçu par Centre Inffo et l’agence strasbourgeoise Grafiti Prospective. De fait, s’il a fallu attendre janvier 2016 pour voir CléA apparaître sur le web, le déploiement du dispositif sur le terrain a débuté dès novembre 2016. 600 personnes – dans leur immense majorité des demandeurs d’emploi pour l’instant – sont d’ores et déjà inscrites dans un parcours d’acquisition des savoirs de base et 17 d’entre elles devraient voir leur dossier passer devant un jury dans les jours à venir.
« Un an de travail au pas de charge » pour le Copanef
L’histoire de CléA, pourtant, remonte à loin. À l’accord national interprofessionnel (Ani) du 5 octobre 2009 sur le développement de la formation tout au long de la vie, la professionnalisation et la sécurisation des parcours professionnels qui posait l’idée d’un « socle de connaissances et de compétences professionnelles » (S3CP) qu’il appartiendrait aux partenaires sociaux de définir. Il faudra cependant attendre 4 ans et la signature d’un autre Ani, celui du 14 décembre 2013 sur la formation professionnelle, pour voir une première définition de ce « socle » et, surtout, la création du Copanef en charge de construire l’écosystème permettant de le traduire en termes opérationnels.
« Cette nouvelle certification nous aura demandé un an de travail au pas de charge » a rappelé Christian Janin. Et le chantier, visant à accoucher de la « première certification interprofessionnelle élaborée par les partenaires sociaux » fut vaste, mobilisant les huit organisations syndicales et patronales représentatives réunies autour du Copanef. Au passage, le dispositif a perdu son appellation initiale de « socle de connaissances et de compétences professionnelles » (qu’il aurait été aisé de confondre avec celui de l’Éducation nationale) pour adopter son actuel patronyme.
7 catégories de savoir de base. 3 à 4 millions de bénéficiaires potentiels
Ouvert aux demandeurs d’emplois comme aux salariés, CléA vise à permettre à ses bénéficiaires d’acquérir (ou de retrouver) la maîtrise de tout ou partie des 7 domaines-clés relevant des savoirs de base : la communication en français, l’utilisation des règles de base du calcul mathématique, l’utilisation des techniques usuelles de l’information et de la communication numérique, l’aptitude à travailler dans le cadre de règles définies d’un travail en équipe, l’aptitude à travailler en autonomie et à réaliser un objectif individuel, la capacité « d’apprendre à apprendre » tout au long de la vie et la maîtrise des gestes, des postures et du respect des règles d’hygiène, de sécurité et environnementales élémentaires. Au total, de 3 à 4 millions d’individus pourraient être concernées.
« Ce n’est pas avec CléA seul qu’on peut retrouver un emploi, mais ce certificat peut constituer un outil de reconnaissance de la société, d’autant qu’il est reconnu au niveau national par l’ensemble des employeurs du secteur privé » a indiqué Christian Janin alors que pour Florence Poivey, la vice-présidente (Medef) du Copanef, CléA constitue « une consolidation des preuves de son employabilité ». « Ce que les employeurs attendent le plus lorsqu’ils sont en phase de recrutement, c’est de connaître les qualités du candidat qui se présente à eux. On a besoin de savoir si la personne en face de nous sait parler, compter, lire, écrire, connaisse la réalité du travail d’équipe, des conditions de sécurité et sache arriver à l’heure au boulot » résumait Jean-Michel Pottier, patron d’une entreprise de textile et membre du Comité au nom de la CGPME.
1 300 organismes habilités
Le site de CléA propose à l’internaute un quiz concernant sa maîtrise des savoirs de base qui peut constituer le point d’entrée dans le processus et lui permettre, au besoin, de se voir guider vers la démarche de certification par un prescripteur (Pôle emploi, Opca, Région…). À ce jour, 1 300 organismes de formation et d’évaluation ont été habilités par le Copanef et les Coparef en région. Un chiffre destiné à évoluer puisque ces organismes relèvent aujourd’hui de 6 réseaux mobilisés autour de l’acquisition des compétences de base : l’Afpa, l’ApAPP (Ateliers de pédagogie personnalisée), les Greta, l’Infrep (l’institut de formation de la ligue de l’enseignement), la Fédération des Urof (organismes de formation associatifs) et 2A2C (un groupement de centres de formation réunissant l’Afec, Alaji SAS, CLPS et Crept Formation). D’autres devraient suivre, à commencer par Pôle Emploi et cinq opérateurs du conseil en évolution professionnelle.
Côté budget, la première séquence d’évaluation des connaissances d’un usager pour déterminer ses besoins en formation est tarifée 600 euros. La seconde, destinée à faire le point sur ses acquis une fois la formation effectuée s’élève à 300 euros. Quant à la prestation de formation elle-même, dispensée par l’un des organismes habilités, elle reste soumise aux règles du libre marché, attendu que l’évaluateur et le formateur doivent cependant demeurer des entités différentes.
CléA dans le plan 500 000 ?
Reste désormais à faire connaître CléA au grand public. Les partenaires sociaux, syndicaux ou patronaux, entendent bien faire jouer leurs réseaux pour diffuser l’information auprès des salariés et demandeurs d’emploi. Le « Plan 500 000 » pourrait lui aussi constituer un bon vecteur de promotion pour le certificat. « L’un des risques majeurs de ce plan, c’est d’envoyer des gens qui ne maîtrisent pas les savoirs de base sur des formations qualifiantes. Ça peut se finir par un crash » observait Stéphane Lardy, de FO, « CléA peut constituer un dispositif de remise à niveau pris en charge dans le cadre du plan qui permettrait de redonner confiance à certains publics avant qu’ils n’entament une démarche de formation-métier ». À voir si cet espoir sera suivi d’effets.
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