Les « compétences transversales », objet souvent peu défini
Communiquer, s’organiser, travailler en équipe, agir face aux imprévus, … Si les discours autour des besoins des employeurs et des RH réservent la part belle aux compétences transversales, celles-ci demeurent souvent définies de manière bien plus vague que les compétences « cœur de métiers ».
Par exemple, le guide pratique du référentiel Rectec soulève que « organiser sa prochaine fête de nouvel an peut mobiliser les mêmes compétences que celles de l’organisation d’un gala de danse ou d’un prochain séminaire […]. Cependant, les exigences en termes d’autonomie et de responsabilité varient en fonction des finalités de ces actions – familiale ou professionnelle – . »
Faute d’objectivation par rapport à des critères précis d’attendus et de lien avec des situations professionnelles, l’intérêt porté aux compétences transversales comporte un risque de dérive vers une forme de psychologisation, où les capacités d’une personne seraient appréciées sui generis, comme des traits de personnalités détachés d’un contexte de mise en œuvre.
Une cartographie articulée au Cadre européen des compétences
Sur quelles bases apprécier la maîtrise de compétences non-techniques ? Comment peut-on les mesurer ?
Le référentiel Rectec répond en positionnant les compétences transversales par rapport à des contextes d’activités professionnelles.
L’outil développé permet de cartographier 12 compétences transversales, organisées autour de 4 pôles :
· un pôle organisationnel regroupant les compétences « organiser son activité », « prendre en compte les règlements », « travailler en équipe » et « mobiliser des ressources mathématiques »,
· un pôle communicationnel réunissant les compétences « communiquer à l’oral », « communiquer à l’écrit », « prendre en compte les usages sociaux » et « utiliser les ressources numériques »,
· un pôle réflexif à visée actionnelle : « gérer des informations » et « agir face aux imprévus »,
· un pôle réflexif à visée personnelle : « construire son parcours professionnel » et « développer ses savoirs et ses modes d’apprentissage ».
L’originalité du référentiel tient à son articulation au Cadre européen de compétences, avec une graduation de chaque compétence sur une échelle de 1 à 4 au vu en appréciant les niveaux d’autonomie et de responsabilité mis en œuvre.
Du positionnement au recrutement, de multiples usages possibles
La possibilité d’objectiver et graduer les compétences transversales, vise à faciliter une identification précise de niveaux d’acquis ou d’attendus, et le positionnement par rapport à des certifications.
L’entrée par les situations doit permettre de faciliter l’explicitation de l’expérience des bénéficiaires, ainsi que des activités professionnelles visées par un projet d’insertion ou de formation, une certification, et in fine un emploi.
Il peut s’agir de mieux spécifier les exigences en « compétences de base » en fonction d’une situation d’activité particulière. Par exemple, un commis de cuisine peut avoir besoin de mobiliser des compétences orales sur des sujets familiers, avec son entourage professionnel direct (niveau 2), et de faire usage de compétences écrites à un niveau plus avancé (niveau 3) pour lire des fiches techniques. Dans un travail d’ingénierie de formation et d’évaluation, la carte de compétences Rectec pourra également être croisée avec des référentiels métiers ou des fiches de poste.
La démarche proposée s’adresse également aux entreprises, pour mieux spécifier les compétences transversales qu’elles recherchent lors d’une embauche, et répondre ainsi à une difficulté à formaliser leurs attentes.
Plus d’informations :
· Site de présentation du projet Rectec et de ses résultats : https://rectec.ac-versailles.fr
· Cartographie Rectec https://rectec.ac-versailles.fr/wp-content/uploads/sites/135/2019/06/RECTECA3.pdf
· Déclinaisons de la carte des compétences transversales https://rectec.ac-versailles.fr/wp-content/uploads/sites/135/2019/06/RECTECA3.pdf
· Guide du référentiel Rectec https://rectec.ac-versailles.fr/wp-content/uploads/sites/135/2019/06/RECTECBrochure-.pdf
Par Vincent Joseph – Le 05 juillet 2019. quotidien de la formation