Par Mikaël Faujour – Le 15 avril 2019 – Le quotidien de la formation
Georgette Bréard, vice-présidente de la Région Bretagne en charge de la formation professionnelle, de l’apprentissage et de l’orientation, s’est rendue à la maison d’arrêt de Saint-Brieuc le 10 avril. Elle y a visité un groupe de détenus en cours de préparation du certificat CléA, action pionnière dans le monde carcéral. L’occasion de sonder leurs attentes et leurs motivations.
C’est un dispositif pilote que la maison d’arrêt de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) expérimente depuis septembre 2017. L’établissement pénitentiaire reste le seul à proposer une préparation à la certification CléA. D’une durée de 13 à 350 heures, elle permet de valider un socle de compétences et d’aptitudes de base : mathématiques, écriture ou expression orale, mais également capacité à transmettre et à exécuter des instructions, travail en équipe ou connaissance des règles de sécurité et d’hygiène en entreprise. Entre le 1er septembre 2017 et le 31 août 2018, 51 des 180 détenus hébergés en ont bénéficié et douze ont obtenu leur certificat.
Préparer la sortie
Lors de sa visite, Georgette Bréard a recueilli le témoignage de stagiaires aux profils et attentes divers. Si, pour certains, ce dispositif constitue l’« échappatoire à l’enfermement dans la cellule », d’autres, peu ou pas qualifiés, parlent de se « réinsérer professionnellement et, peut-être, de poursuivre une formation ». Plusieurs ont d’ailleurs déjà des pistes professionnelles plus ou moins solides à l’esprit : l’un a créé son statut d’autoentrepreneur, un autre envisage une formation d’électricien. « Quelle que soit la raison de votre présence, il faut que ce temps passé en préparation à la certification vous aide à préparer votre sortie », a commenté la vice-présidente en charge de la formation.
Suivi après la peine
Cette visite s’inscrit aussi dans le cadre d’un effort de la Région en direction des publics les plus éloignés de l’emploi, confirmé deux jours plus tôt par la signature du Pacte régional d’investissement dans les compétences par la ministre du Travail Muriel Pénicaud. CléA, explique Georgette Bréard, « permet d’entrer dans toutes les formations qui existent et qui sont proposées par le Conseil régional ».
Mais qu’en sera-t-il des détenus une fois leur peine terminée ? « Ce public est, en effet, très éloigné de l’emploi. Ils ont “ regoûté ” à la formation et il ne faut surtout pas qu’il y ait de rupture à la sortie. Or, nous avons inscrit dans le Plan régional d’investissement dans les compétences (Pric) le principe de sécurisation des parcours avec le contrat d’accès à la qualification aussi pour les adultes. » Il s’agirait donc d’évaluer les modalités de l’accompagnement et du suivi du détenu : « Il faudrait que, lorsque le détenu sort, il puisse entrer dans une des formations mises en place par l’organisme qui encadre ce dispositif, ici le CLPS, en l’occurrence. Il faut trouver une multiplicité de réponses pour les accompagner vers l’insertion. Ce modèle expérimenté en milieu carcéral peut aussi servir d’exemple pour les “ publics invisibles” qui ont, eux aussi, besoin de suivi personnalisé. »