► Le programme Hope de l’Afpa favorise l’insertion des réfugiés par l’apprentissage d’un métier
Faciliter l’insertion des réfugiés par l’apprentissage d’un métier, tel est l’objectif du programme Hope, une démarche partenariale initiée par l’Afpa. À Stains, en Seine-Saint-Denis, une douzaine d’entre eux, originaires d’Afrique ou d’Afghanistan, sont hébergés, espérant une nouvelle vie.
Ils étaient étudiants au Tchad, salariés en Guinée, vendeurs en supermarché en Afghanistan. Ils sont aujourd’hui hébergés au centre Afpa de Stains pendant la durée de leur formation, qui se déroule à Gonesse. Ils bénéficient du programme Hope (Hébergement, Orientation Parcours vers l’Emploi), mis en place par l’Afpa suite à un appel à projets du FPSPP, après le succès de l’expérimentation Pilote (Programme d’Insertion par le Logement, l’Orientation et le Travail), menée en lien avec le Faf.TT, l’Opca du travail temporaire. Ce programme qui concernait deux cents réfugiés, en Île-de-France et Hauts de France, affiche de beaux résultats : 75% des personnes ont obtenu une certification et 61% ont accédé à un emploi dès la fin de la formation.
Fuyant guerre et torture
Agencer les commandes sur la palette, emballer, étiqueter, faire des allers retours entre la zone de stockage et celle de préparation… tel est le futur auquel aspire Omar B, 33 ans, qui a quitté la Guinée Conakry pour la France il y a trois ans, laissant derrière lui sa femme et ses trois enfants. Dans la salle d’accueil du centre de Stains, il évoque sans ciller son parcours d’opposant politique. Membre de l’ethnie peul – opprimée par le pouvoir – et de l’Union des forces démocratiques guinéennes, il a été recherché par les autorités locales, arrêté, torturé.
Son parcours en France est une course d’obstacles : hébergé dans un centre d’accueil de demandeurs d’asile à Saint-Denis, il dépose un dossier auprès de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), subit un premier refus, et dépose un recours à la cour nationale du droit d’asile (CNDA). Enfin, il y a près de neuf mois, il obtient le statut de réfugié, ce qui lui permet de bénéficier des dispositifs de droit commun. Pascale Gérard, directrice de l’insertion sociale à l’Afpa, souligne : « Nous ne voyions pas de réfugiés à l’Afpa. Ils restaient sans solution, bloqués dans les structures d’hébergement d’urgence. Ce programme intégré, qui allie formation au français, hébergement, formation en alternance et accès à l’emploi, leur offre un peu d’espoir ».
« Merci à la France »
De fait, malgré les difficultés, Omar dit : « merci à la France ». C’est l’assistante sociale du Cada qui lui a parlé de ce programme, pour lequel il a postulé auprès de l’Ofii. Un des prérequis : maîtriser le niveau A1 en français (utilisateur débutant). En dépit de l’apprentissage du français à l’école, Omar confesse : « J’avais oublié des choses, depuis l’école primaire. Mais notre formatrice était comme une mère, qui se soucie de ses enfants ». Le programme Hope débute par une intense formation en langue : « Je ne les ai pas lâchés, souligne la formatrice FLE. Ils ne voulaient pas apprendre par cœur, mais sans l’alphabet, on ne progresse pas. » À l’aide de films, de contes et légendes, la formation vise à la maîtrise du français oral, complétée par l’acquisition du vocabulaire professionnel grâce à l’intervention de formateurs métiers.
Contrat de pro ou d’intérimaire
Cette partie terminée, Omar et ses camarades commencent l’apprentissage du métier de préparateur de commande, qu’ils ont choisi parmi quatre propositions. « Nous sommes en train d’apprendre, commente Omar. Nous sommes déjà arrivés à faire monter le chariot ». La pédagogie Afpa se focalisant sur l’apprentissage en situation de travail, il fait « des allers retours entre la classe et l’entrepôt ». Son contrat de développement professionnel intérimaire (CDPI) de 450h prévoit deux stages en entreprise de 70h, il en déjà effectué un dans une entreprise d’alimentaire. Il dit avoir « bon espoir de faire venir sa famille dès qu’il aura un logement et un travail ».
Accompagnement social
Le programme Hope fournit un accompagnement global, pour aider aux démarches : administratives pour obtenir une domiciliation, accompagner aux rendez-vous à Pôle emploi ou en préfecture, sociales (aide pour trouver un logement, accès aux soins, etc.). Parfois, il faut inventer des solutions, répondre à l’impensé : « Pour faciliter les déplacements, l’entreprise Partnaire [2] a loué un véhicule pour les stagiaires hébergés à Créteil… Nous coconstruisons des solutions avec nos partenaires… », précise Pascale Gérard. Cerise sur le gâteau : un programme d’animations culturelles en lien avec des associations du territoire et un partenariat avec France Bénévolat. Tous les stagiaires se sont portés volontaires, pour enseigner l’anglais ou l’arabe à des enfants, aider à la Croix-Rouge…
Notes
[1] L’agence d’intérim Partnaire aide à identifier les stages en entreprises pendant la POEC.
[2] L’agence d’intérim Partnaire aide à identifier les stages en entreprises pendant la POEC.
Mille réfugiés doivent bénéficier du programme Hope, avec l’appui de sept Opcas (Afdas, Agefos PME, Constructys, FAF.TT, Forco, Opcalia et Opcaim), de Pôle Emploi, du FPSPP, de l’Ofii et le soutien de 3 ministères (Intérieur, Travail et Logement). Une première session a intégré 510 stagiaires en octobre 2017, une seconde promotion de 475 débutera en avril. Douze régions sont concernées, et 31 centres Afpa (sauf en Corse). Ils se forment à onze métiers en tension identifiés par les entreprises.
Auteur : Christelle Destombes – Quotidien de la formation 26 février 2018