► Le compte personnel de formation, une chance pour les salariés illettrés (ANLCI)
« La prise en compte dans le droit commun de la formation professionnelle des besoins de formation des personnes qui ne maîtrisent pas les compétences de base (lecture, écriture, calcul) [1] pour évoluer professionnellement est une étape très importante. C’est une grande chance donnée à ces personnes de pourvoir prendre appui sur le compte personnel de formation (CPF) et ainsi franchir cette première marche. » Hervé Fernandez, directeur de l’ANLCI (Agence nationale de lutte contre l’illettrisme), interrogé par Le Quotidien de la formation jeudi 27 février, se félicite de l’inscription dans les formations éligibles au CPF des « formations permettant d’acquérir le socle de connaissances et de compétences défini par décret » (article 1er du projet de loi, article L. 6323-6 du Code du travail).
« Cette nouvelle disposition du Code du travail, ajoute Hervé Fernandez, ouvre des perspectives importantes et nombreuses sur le plan de l’organisation de solutions au profit des salariés et demandeurs d’emploi qui ne maîtrisent pas les compétences de base. Les branches professionnelles et les Opca vont continuer à accompagner les entreprises en matière de lutte contre l’illettrisme dans le cadre du plan de formation. La prochaine étape, capitale, est la mise en œuvre de ce droit et avec lui, l’opportunité d’acquisition pour les personnes concernées d’un socle de compétences. Ce droit est assorti d’un conseil en évolution professionnelle et tout l’enjeu est de proposer aux acteurs de ce conseil des outils pour aborder et dédramatiser la situation d’illettrisme avec ces personnes. »
La réduction du taux d’illettrisme est également encouragée par le texte de loi, avec une véritable « montée en charge » des missions des Régions : « En application de l’article L. 121-2 du Code de l’éducation, la Région contribue à la lutte contre l’illettrisme sur le territoire régional, en organisant des actions de prévention et d’acquisition d’un socle de connaissances et de compétences défini par décret » (article 11). Au sujet de la définition de ce socle à définir « par décret », Hervé Fernandez précise qu’il « n’est pas nécessaire de réinventer les contours de ce socle dans la mesure où il existe déjà une définition partagée par l’État, les collectivités territoriales et les partenaires sociaux de celui-ci ainsi qu’une définition des paliers de sortie de l’illettrisme, et des orientations stratégiques pour la prévention et la lutte contre l’illettrisme ». Une définition du socle de compétences déjà utilisée par les Opca pour bâtir des solutions de formation et par les Régions, pour aider les demandeurs d’emploi à sortir de l’illettrisme. « L’État va bien sûr poursuivre son action via l’action sociale et autour de l’école », assure Hervé Fernandez. [1] Être illettré, c’est ne pas disposer, après avoir pourtant été scolarisé en France, des compétences de base en lecture, écriture, ou calcul pour faire face de manière autonome à des situations courantes de la vie quotidienne.
Le quotidien de la formation – 28 février 2014, par Philippe Grandin