Dans le cadre de la concertation sur la refondation de l’école lancée par Vincent Peillon, l’Institut Montaigne a publié une note sur l’école primaire. Dans la lignée des propos de François Hollande, l’Institut propose de faire du primaire, qualifié de « maillon faible du système éducatif français où s’aggravent les inégalités », une « priorité ».
L’Institut est préoccupé par « les performances des élèves toujours en baisse », malgré une dépense pour l’éducation en pourcentage du PIB plus importante « que la plupart des pays de l’OCDE ». En cause, l’école primaire qui « dysfonctionne » et compromet « la scolarité tout entière » — et par voie de conséquence, l’accès à l’emploi.
Se concentrer sur la petite enfance, un pari gagnant
Les performances de l’école primaire « se dégradent continûment depuis une vingtaine d’années », affirme le think tank, qui dénonce des conséquences durables : « Aujourd’hui, 40% [des élèves] quittent l’école primaire avec des bases trop fragiles et parmi ces derniers, 15 à 20% sont quasiment illettrés et le resteront ». Les élèves issus de milieux défavorisés sont les plus touchés par ces dysfonctionnements. Aujourd’hui, les caractéristiques socio-professionnelles des parents expliquent en effet « 28 % de la variation dans les performances des élèves de 15 ans ».
Pour restaurer le rôle d’ascenseur social de l’école, l’Institut propose de se concentrer sur la petite enfance. Une intervention précoce permet en effet de gommer les disparités sociales, comme le rappelle le rapport Attali de 2008.
Mais les bénéfices en seraient aussi d’ordre économique. La prise en charge des enfants dès le plus jeune âge améliore durablement les résultats scolaires et le taux d’obtention de diplôme, donc le niveau de rémunération. Pour un euro dépensé à la petite enfance (0–5 ans), des études américaines mettent en évidence un retour sur investissement de 4 à 17 euros ! C’est pourquoi l’Institut encourage une réallocation du budget « du secondaire supérieur (le lycée) vers l’école primaire et la maternelle », ce qui serait plus productif à long terme.
La formation des enseignants doit être repensée
Concernant les rythmes scolaires, « il est urgent de revenir à une semaine de cinq jours de travail en incluant le mercredi », tout en instituant « un maximum de 20 heures [travaillées] hebdomadaires, au moins jusqu’au CE2 ». L’année scolaire, trop « compacte », devrait par ailleurs être rallongée de deux semaines.
Les professeurs ne sont pas oubliés. Pour l’Institut, « la formation initiale et continue des enseignants doit être profondément repensée » pour redonner une place de choix à la pédagogie. L’effet-maître est en effet crucial dans la scolarité : « plus de 20 % de la progression d’un élève sur une année sont liés à son enseignant ». La note suggère aussi de réaffirmer « l’obligation de formation continue des enseignants », et d’en enrichir les contenus.
Enfin, les parents devraient être davantage associés à la vie de l’école, à l’image de l’expérimentation « mallette des parents » dans l’académie de Créteil, et l’école devrait s’ouvrir davantage aux acteurs des activités périscolaires.