Café conversation en français à la Médiathèque Jack Ralite Croix Neyrat
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Lire la suite20 % des Français ne savent pas utiliser Internet alors que les services publics seront bientôt tous dématérialisés. Le gouvernement annoncera dans quelques semaines la dizaine de lieux de formation disséminés en régions chargés de délivrer un « pass numérique » et d’accompagner cette population qui décroche.
A l’heure où les français sont appelés à participer au grand débat national, principalement en ligne, l’aisance numérique sera de mise. Or, elle est loin d’être générale. D’ici à quelques semaines sera dévoilée la dizaine de « hubs France connectée », des lieux de médiation numérique qui conseilleront et formeront les populations les plus éloignées du web. Cet appel à projets lancé par le secrétaire d’Etat au numérique, Mounir Mahjoubi, et la Banque des territoires, pour un coût de 5 millions d’euros en 2019-2020, est une première pierre dans la lutte contre l’illectronisme, ou illettrisme numérique. Ce phénomène, qui concerne la population qui ne sait pas utiliser les services en ligne, préoccupe l’Etat. Ce sont ces hubs qui délivreront le Pass numérique, sorte de chèque qui donnera accès à des crédits de formation de 10 à 20 heures. L’Etat met 15 millions d’euros, en cofinancement des collectivités locales, des opérateurs sociaux et des entreprises.
Quelques groupes privés – qui ont mis 1,5 million d’euros – ont décidé d’acheter des pass pour leurs clients comme La Poste, Orange, Veolia, Crédit Agricole, ou BNP. Le budget global pour ces pass atteindra « 100 à 150 millions d’euros » avec l’objectif de « former et accompagner 1,5 million de personnes par an » selon Mounir Mahjoubi, secrétaire d’Etat au numérique. La Gironde, très active en la matière, la Drôme et la Réunion testent depuis plus d’un an ce type d’actions en formant notamment les agents des services publics à la détection de ce public éloigné du numérique.
Ces mesures font partie du plan pour un numérique inclusif annoncé en septembre par Mounir Mahjoubi. Elles viennent compléter la création il y a deux ans, en janvier 2017, de MedNum, la coopérative des acteurs (associations, entreprises, collectivités) de la médiation numérique qui accompagnent les populations les plus éloignées du web. Une cinquantaine d’acteurs y sont regroupés.
Car il y a urgence. Pas moins de 13 millions de Français – 20 % de la population -, n’utilisent pas ou peu internet, dont 6,7 millions qui ne s’y connectent jamais. Or, le numérique est partout. Surtout, pas une démarche administrative qui ne passe par une déclaration en ligne (impôt, carte grise, dossier médical partagé, etc.). La dématérialisation de l’ensemble des services publics sera achevée d’ici à la fin du quinquennat.
La prise de conscience de ce décrochage d’une partie de la population est récente. « Cela représente plus d’un français sur 5 qui n’a pas accès aux mêmes droits ni accès à l’emploi, c’est énorme. C’est avec la dématérialisation des services publics qui s’est faite du jour au lendemain depuis deux ans que l’on s’est rendu compte de cette précarité numérique » commente Jean Deydier, qui a fondé l’association Emmaüs Connect (10.000 personnes accompagnées par an) et WeTechCare, qui propose des plateformes de formation, utilisées à ce jour par 250 structures.
Le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur l’accompagnement social, publié en septembre 2019, pointe aussi du doigt cette nouvelle forme d’exclusion et l’urgence de s’y attaquer. « Le développement proactif d’un accompagnement de proximité dans la réalisation de démarches en ligne apparaît comme le corollaire indispensable du basculement au numérique » est-il souligné.
Ce phénomène est pris en compte aussi par les entreprises privées. Elles dématérialisent leurs services mais à un rythme moins rapide pour ne pas perdre une partie de leur clientèle. Car ne pas travailler sur l’accessibilité Web de son site, c’est se priver de millions de visiteurs potentiels. « Les privés y vont plus doucement que les services publics car ils ont bien compris qu’il y avait un risque de perte d’activité économique » dit Jean Deydier.
Pour pallier des interfaces Web trop complexes, des entreprises fournisseurs de solutions ou de conseils s’organisent. Des outils existent pour vérifier l’accessibilité du site Web. Car la législation va en ce sens. La loi pour une République numérique de 2016 élargit l’obligation d’accessibilité aux « organismes délégataires d’une mission de service public » et aux « entreprises dont le chiffre d’affaires excède un certain seuil ». Elle est renforcée par la loi de 2018 relative à la Liberté de choisir son avenir professionnel, qui augmente notamment le montant des sanctions pour les sites Web qui ne respectent pas l’accessibilité.
« Plusieurs sociétés ont créé ce type d’outils mais c’est surtout pour les déficients visuels, puisque les normes internationales d’accessibilité concernent à 90 % des non voyants » explique Yves Cornu, fondateur de la société Facil’IT, qui propose un mix de solutions pour rendre le web accessible à tous. De son côté, la société Hypra a mis au point une solution pour les personnes ayant des troubles de la vue, avec l’assistance vocale, un zoom puissant, une interface simplifiée et personnalisable, et une assistance technique.
Mais reste le problème de l’équipement. Selon une étude CSA Research de juin 2018 auprès de 1.200 personnes tous âges confondus, 11 % ne disposent d’aucun outil (smartphone, ordinateur, tablette) pour se rendre sur Internet. Ce chiffre monte même à 33 % pour les personnes âgées.
Marion Kindermans – 14 janvier 2019
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